Médecine palliative

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wallace
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Médecine palliative

Message par wallace » 18 sept. 2024 17:15

Copié sur la newsletter de l'association AVA (Agir pour la vie animale) du 18.09.24

La médecine palliative vétérinaire : la plus « humaine » des spécialités pour animaux ?

A l’évocation de la « médecine palliative pour animaux de compagnie », à quoi pense-t-on ? Souvent, c’est le terme « euthanasie » qui surgit en premier. Mais cette association d’idée est trop rapide. Car avant d’en arriver à des solutions radicales, bien des choses peuvent être entreprises pour accompagner dignement nos chiens et chats vers leurs derniers instants. Jetons ensemble un coup de projecteur sur la médecine de fin de vie des chiens et chats, spécialité encore peu répandue en France, et dont AVA est l'une des seules associations de protection animale à avoir l'expertise.

Vivre longtemps ou vivre bien ?
Comme nous, nos animaux de compagnie vieillissent, du fait des avancées de la médecine, d’une médicalisation poussée et d’un mode de vie qui les protègent de bien des risques : nos chats atteindraient 13 ans en moyenne, et nos chiens 12 ans et demi. Mais ces longévités sans cesse prolongées sont-elles réellement un signe de progrès ? Au-delà des questions de société que pose le vieillissement de la population (coût des soins, déserts médicaux, etc), on pourrait zoomer un bon coup et s’interroger sur l’individu, sur la personne, et la manière dont elle vit ces années « gagnées ». Car quel intérêt de vivre vieux, si c’est pour être grabataire, malheureux et abandonné des siens ?
Quand vient le moment d’accompagner

Alors dans cette société où les animaux vieillissent, comment « gérer » ceux qui se dirigent irrémédiablement vers la mort, frappés par une maladie chronique ou une sénescence sévère ? Tout simplement en assumant la responsabilité que l’on a prise en les faisant entrer dans nos vies, en acceptant de les accompagner jusqu’au bout et d’assurer leur bien-être, même si on ne peut pas les « réparer ». Même si c’est chronophage, parfois coûteux et certainement moins fun que quand Pépette était encore chiot.

C’est à ça que sert la médecine palliative. Elle vise à prendre soin, plutôt que traiter (care but not cure diraient les anglosaxons, champions de la formule). D’une certaine manière, le postulat fondateur de cette discipline est le lâcher prise : la médecine qui guérit a tenté ce qu’elle pouvait et l’animal est condamné à court terme, alors place maintenant à la médecine qui accompagne et laisse venir.
Une discipline d’ouverture

Mais qui dit lâcher prise ne dit pas approximation ou attentisme. Car la médecine palliative est bien une science : elle requiert connaissances, moyens techniques et (bon) sens clinique. C’est une discipline transversale par essence : à l’échelle individuelle d’abord, car elle demande également des qualités « humaines » (bienveillance, empathie), et de solides bases en psychologie, voire en culture générale et en philosophie. A l’échelle collective ensuite, dans les coopérations qu’elle requiert entre spécialités pour être pleinement efficace : autour d’un vétérinaire référent, on pourra faire intervenir un comportementaliste, un physiothérapeute ou un spécialiste de la gestion de la douleur, et bien sûr le propriétaire. Cette dimension collaborative a un effet de bord vertueux : soulager les parties prenantes dans la prise de décision, en permettant de croiser les regards et en répartissant le poids de décisions lourdes sur plusieurs paires d’épaules.

La médecine palliative animalière est aussi celle de l’ouverture, car elle laisse parfois entrer des idées que l’on aurait peut-être rejetées dans des situations médicales plus conventionnelles. Dans de nombreux cas, des solutions thérapeutiques pourront venir d’approches médicales alternatives ou d’équipements low tech : de nombreux vétérinaires ont pu découvrir des bricolages ingénieux mis en œuvre par des pet parents pour améliorer le confort de leur compagnon à la maison (charriot à roulettes, rampe d’accès, système de localisation, etc).
Communiquer entre parties prenantes

Et c’est souvent à la maison que l’animal se sentira le mieux, avec ses repères de toujours, et autant que possible il faut œuvrer pour qu’il puisse rentrer chez lui. C’est alors que le rôle du pet parent prend toute son ampleur, et charge au vétérinaire de le préparer dans sa « prise de fonctions ». Au travers de consignes spécifiques et d’équipements utiles, on aura formé le propriétaire pour qu’il assiste son animal aussi bien que possible, mais aussi pour que les aléas du quotidien, voire une dégradation soudaine, ne génèrent non pas confusion ou panique, mais un ensemble d’actions justes et réfléchies à l’avance.

En ce sens, un certain nombre d’outils standardisés existent pour évaluer la douleur, l’entrain, ou encore l’état clinique d’un animal. Ces grilles fournissent un ancrage bienvenu aux soignants (vétérinaire compris) pour prendre les bonnes décisions dans des situations chargées d’émotions. Par extension elles aident aussi à la communication, en fournissant un support neutre dans les échanges entre professionnel et pet parent, prévenant ainsi certains biais de jugement et incompréhensions.
AVA, précurseur de la médecine palliative en collectivités

AVA est une association de protection animale pas comme les autres, et pour de nombreuses raisons ! L’une d’entre elles se révèle au travers du nom historique de l’association : « Aide aux Vieux Animaux ». Car il y a 20 ans, quand le Docteur Thierry Bedossa prit les rênes de ce refuge, le cœur du projet était précisément l’accompagnement des seniors, ceux devenus trop encombrants ou difficiles à gérer, ou qui ne fournissent plus « l’agrément » pour lequel on les adopte (jouer, amuser les enfants, être beaux). Dans ce contexte, AVA pratique depuis le début cette médecine palliative, suivant les préceptes que nous avons évoqués ici (science + pluridisciplinarité + communication + bienveillance).

Aujourd’hui appelée « Agir pour la Vie Animale », AVA garde intacte son intention originelle, celle d’offrir refuge aux animaux dont notre société ne veut plus, mais avec un champ d’action élargi : l’association accueille des individus de multiples espèces rejetés pour leur comportement, leur coût ou encore leurs handicaps, qui souvent, comme les seniors, ont été menacés d’euthanasie de convenance.
La mort fait partie de la vie

Il serait salutaire de sensibiliser les propriétaires aux signes de douleur, de sénescence et de détresse de nos chiens et chats. Par des fiches pratiques remises en clinique par exemple, ou par l’éducation donnée lors des visites annuelles de santé. Puis quand on entre dans le domaine de la médecine palliative, en prendre clairement acte auprès des maîtres, pour que la stratégie de soins soit bien comprise et acceptée. L’euthanasie, quand elle doit avoir lieu, ne serait ainsi plus la manœuvre d’urgence qu’elle est trop souvent aujourd’hui, mais la suite logique d’un parcours médical maîtrisé, ayant toujours placé le bien-être du patient comme priorité.

La médecine palliative n’est pas la branche vétérinaire la plus sexy, car elle intervient quand l’animal est d’ores et déjà condamné. Face à un tel patient, aucun spécialiste surdiplômé ne pourra se targuer d’avoir guéri par la précision de son bistouri ou de ses connaissances encyclopédiques. En médecine palliative, celui qui aura accompagné un animal – et ses maîtres – jusqu’au bout aura la satisfaction d’avoir offert une expertise bien sûr, mais surtout de la bienveillance, du temps, et de l’écoute. De l’amour en somme, chose qui manque trop souvent à notre médecine occidentale.

Erwan Spengler

La rédaction de cet édito a été inspirée et permise par la lecture de l’artcile suivant, publié récemment dans la presse spécialisée vétérinaire : LA MÉDECINE PALLIATIVE VÉTÉRINAIRE : Une pratique possible entre le diagnostic d'une maladie incurable et la mort de l'animal de compagnie, Loriane Benoist, La Dépêche Vétérinaire, mai 2024.
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«C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas». Victor Hugo

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patou032
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Re: Médecine palliative

Message par patou032 » 19 sept. 2024 06:16

Merci Wallace pour cet article :008:
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« Rêve comme si tu vivais éternellement. Vis comme si tu allais mourir aujourd’hui » James Dean

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mf01
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Re: Médecine palliative

Message par mf01 » 20 sept. 2024 10:02

Merci pour ce bel article très complet qui montre combien est complexe la fin de vie aussi pour les animaux de compagnie. La démarche d'AVA pour qu'on ne pratique pas l'euthanasie dans l'urgence est remarquable et une belle initiative, :008:

Le titre est parlant : Vivre longtemps ou vivre bien ?

Félicitations à La Société de Protection animale AVA de nous éclairer sur ce ce que nous pouvons faire pour aider et accompagner notre compagnon à 4 pattes vieillissant par ex. dans ses difficultés à se déplacer soit par un chariot à roulettes, une rampe d'accès etc.pour lui faciliter la vie et le garder le plus longtemps possible à la maison. Il y a aussi les soins donnés par un ostéopathe, ou l' hydrothérapie.

Je ne vais pas commenter tout l'article, mais franchement, je découvre grâce à toi un tas d'initiatives dont je n'avais jamais entendu parler auparavant et pourtant je m'intéresse à la cause animale.

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Corine49
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Re: Médecine palliative

Message par Corine49 » 20 sept. 2024 19:14

Merci

Très intéressant et oui faut aider nos 4 pattes le principale c est qu ils ne souffrent pas mais dur pour les propriétaires de s en rendre compte j en suis là première sauf pour jungle ou je n ai rien compris

Je sais que pour moi je préfère vivre normalement peu être moins longtemps qu un traitement qui me rendront plus malade et rester couché alors je pense que nos 4 pattes méritent de ne pas souffrir
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